« Tu es jeune, tu en auras d’autres ! »
« La nature est bien faite »
« C’est quand même mieux que si tu avais perdu un vrai bébé ! »
« Tu étais au tout début de la grossesse, tu peux t’estimer chanceuse »
« Tu dois être infertile ! »
« Tu es sûre que tu as tout fais pour le garder? »
« En même temps, si tu mangeais plus équilibré… »
« Tu n’as pas à être triste, c’était pas des vrais bébés »
« Encore?! Tu fais tout pour te faire remarquer, toi ! »
« La nature est bien faite »
« C’est quand même mieux que si tu avais perdu un vrai bébé ! »
« Tu étais au tout début de la grossesse, tu peux t’estimer chanceuse »
« Tu dois être infertile ! »
« Tu es sûre que tu as tout fais pour le garder? »
« En même temps, si tu mangeais plus équilibré… »
« Tu n’as pas à être triste, c’était pas des vrais bébés »
« Encore?! Tu fais tout pour te faire remarquer, toi ! »
Ce genre de phrases, je les ai entendu lorsque j’ai fais des fausses couches. Parce que oui, j’ai fais plusieurs fausses couches.
Des épisodes douloureux, très douloureux, qui font partie de mon histoire.
Des épisodes douloureux, très douloureux, qui font partie de mon histoire.
Pour mes deux premières fausses couches, le gynécologue m’a annoncé simplement que le cœur du bébé ne battait pas, et m’a imposé le curetage, sans m’expliquer en quoi cela consistait. Sans doute était-ce la routine, pour lui.
Anesthésie générale le lendemain-même de l’annonce (qui m’ont laissées des séquelles pendant plusieurs mois), pas de suivi particulier. J’avais l’impression d’être dans une usine à nettoyage d’utérus. En moins de 48h, je passe du statut de future maman à celui de… de quoi, d’ailleurs? Y’a pas de mot, dans le dico, pour appeler les femmes qui ont perdu un embryon !
J’avais vraiment du mal à réaliser que mon ventre était vide.
En prime, pour ma toute première fausse couche, l’équipe médicale était glaciale avec moi toute la journée : j’ai appris, à la toute fin de mon séjour à l’hôpital, qu’ils croyaient que j’étais là pour un avortement. Lorsque j’ai rétabli la vérité, ils étaient tout mielleux avec moi ! (Sympa pour les nanas qui vont avorter dans cette clinique)
J’ai un peu mieux vécu ma troisième fausse couche. Un autre gynécologue, qui m’a laissé une chance « d’évacuer » naturellement mon embryon. J’ai pu être ainsi accompagnée de mon mari, au calme. Ressentir des contractions. Et finalement, « le » voir. Lui dire au revoir. Faire mon deuil.
Anesthésie générale le lendemain-même de l’annonce (qui m’ont laissées des séquelles pendant plusieurs mois), pas de suivi particulier. J’avais l’impression d’être dans une usine à nettoyage d’utérus. En moins de 48h, je passe du statut de future maman à celui de… de quoi, d’ailleurs? Y’a pas de mot, dans le dico, pour appeler les femmes qui ont perdu un embryon !
J’avais vraiment du mal à réaliser que mon ventre était vide.
En prime, pour ma toute première fausse couche, l’équipe médicale était glaciale avec moi toute la journée : j’ai appris, à la toute fin de mon séjour à l’hôpital, qu’ils croyaient que j’étais là pour un avortement. Lorsque j’ai rétabli la vérité, ils étaient tout mielleux avec moi ! (Sympa pour les nanas qui vont avorter dans cette clinique)
J’ai un peu mieux vécu ma troisième fausse couche. Un autre gynécologue, qui m’a laissé une chance « d’évacuer » naturellement mon embryon. J’ai pu être ainsi accompagnée de mon mari, au calme. Ressentir des contractions. Et finalement, « le » voir. Lui dire au revoir. Faire mon deuil.
Pour ma quatrième fausse couche, re-curetage sous AG, sans trop avoir le choix : "franchement, vous en serez plus vite débarrassé, au moins vous pourrez passer à autre chose rapidement".
Les fausses couches, c’est assez tabou dans notre société, surtout celles en tout début de grossesse, comme cela a été à chaque fois le cas pour moi.
Lorsqu’on en fait une, on dérange, on embarrasse.
De l’extérieur, on ne voyait, et on ne voit rien : il n’y avait pas de gros ventre (encore que, parfois…), de bébé avec qui on avait eu le temps de faire connaissance, il n’y a pas d’enterrement…
En prêtant attention, on peut voir que les parents semblent être tristes, ou en colère, on ne sait pas bien. Eux qui s’étaient projeté dans cet embryon. Eux qui s’étaient imaginé en tant que papa, en tant que maman. Eux qui avaient peut-être acheté deux ou trois bricoles, ou commencé à décorer la chambre. Eux qui avaient gardé le secret, ou qui, au contraire, avaient crié sous les toits la nouvelle, dés le test de grossesse. Eux qui, parfois, rêvaient de cette parentalité depuis de nombreux mois, voire de nombreuses années.
Lorsqu’on en fait une, on dérange, on embarrasse.
De l’extérieur, on ne voyait, et on ne voit rien : il n’y avait pas de gros ventre (encore que, parfois…), de bébé avec qui on avait eu le temps de faire connaissance, il n’y a pas d’enterrement…
En prêtant attention, on peut voir que les parents semblent être tristes, ou en colère, on ne sait pas bien. Eux qui s’étaient projeté dans cet embryon. Eux qui s’étaient imaginé en tant que papa, en tant que maman. Eux qui avaient peut-être acheté deux ou trois bricoles, ou commencé à décorer la chambre. Eux qui avaient gardé le secret, ou qui, au contraire, avaient crié sous les toits la nouvelle, dés le test de grossesse. Eux qui, parfois, rêvaient de cette parentalité depuis de nombreux mois, voire de nombreuses années.
D’autres choses se passent de manière discrète : saignements, fausse couche « naturelle » ou curetage (erk ! rien que ce mot me donne la chair de poule…), traitement médical, antibiotiques…
En faisant disparaître la grossesse du ventre de la « maman », le médecin n’essayerait-il pas d’en éliminer toute trace dans sa tête et dans son cœur?
La prise en charge médicale reste incomplète, expéditive : on ne laisse pas souvent le choix à la maman (=très souvent, le curetage est imposé), peu (ou pas) de suivi, pas de soutien émotionnel, de bilan psychologique, d’ailleurs, très souvent, le médecin ne pose même pas la question : « Comment vous sentez-vous? »… Bien que ce soit finalement un événement « banal », courant, (une grossesse sur 4 se termine en fausse couche), cela n’en reste pas moins douloureux pour ces parents.
On n’en entend pas trop parler, car cela reste très souvent des choses intimes, voire taboues.
La plupart du temps, un véritable travail de deuil doit être fait. Cela est d’autant plus difficile que les professionnels de santé ne prennent pas le temps (n’ont pas le temps?) de prendre en charge correctement les fausses couches.
En faisant disparaître la grossesse du ventre de la « maman », le médecin n’essayerait-il pas d’en éliminer toute trace dans sa tête et dans son cœur?
La prise en charge médicale reste incomplète, expéditive : on ne laisse pas souvent le choix à la maman (=très souvent, le curetage est imposé), peu (ou pas) de suivi, pas de soutien émotionnel, de bilan psychologique, d’ailleurs, très souvent, le médecin ne pose même pas la question : « Comment vous sentez-vous? »… Bien que ce soit finalement un événement « banal », courant, (une grossesse sur 4 se termine en fausse couche), cela n’en reste pas moins douloureux pour ces parents.
On n’en entend pas trop parler, car cela reste très souvent des choses intimes, voire taboues.
La plupart du temps, un véritable travail de deuil doit être fait. Cela est d’autant plus difficile que les professionnels de santé ne prennent pas le temps (n’ont pas le temps?) de prendre en charge correctement les fausses couches.
Certains ce taisent et gardent cette peine pour eux, croyant qu’ils sont les seuls – ou presque – dans ce cas. Cela deviendra un douloureux secret de famille. D’autres en parleront jusque sur facebook.
Quoi qu’il en soit, ils seront forcément confrontés à certains commentaires, très souvent désobligeants : ceux du docteur, de l’infirmière, du pharmacien… voire ceux de la voisine à qui on a rien demandé, de la belle-mère, du boulanger, etc.
Des phrases toutes faites, banales, rassurantes (au moins pour la personne qui les dit !). On essaye de couper court à la conversation, parce que les larmes, ça ne met pas trop à l’aise. On ne saurait pas quoi dire, parce que perso, ça ne nous fait pas grand chose.
Quoi qu’il en soit, ils seront forcément confrontés à certains commentaires, très souvent désobligeants : ceux du docteur, de l’infirmière, du pharmacien… voire ceux de la voisine à qui on a rien demandé, de la belle-mère, du boulanger, etc.
Des phrases toutes faites, banales, rassurantes (au moins pour la personne qui les dit !). On essaye de couper court à la conversation, parce que les larmes, ça ne met pas trop à l’aise. On ne saurait pas quoi dire, parce que perso, ça ne nous fait pas grand chose.
Alors messieurs dames, voici ce qu’il peut se passer dans la tête d’une femme qui vient de faire une fausse couche :
– Je suis nulle !
– Pourquoi les autres y arrivent, et pas moi?!
– Je m’en veux d’être jalouse de xxx, qui est enceinte, même si c’est ma meilleure amie
– Et si je n’y arrivais jamais?
– La vie est injuste !
– Je me sens tellement triste
– C’est de ma faute
– C’est de la faute à mon chéri
– Mon bébé est mort
– J’ai mal
– Je suis nulle !
– Pourquoi les autres y arrivent, et pas moi?!
– Je m’en veux d’être jalouse de xxx, qui est enceinte, même si c’est ma meilleure amie
– Et si je n’y arrivais jamais?
– La vie est injuste !
– Je me sens tellement triste
– C’est de ma faute
– C’est de la faute à mon chéri
– Mon bébé est mort
– J’ai mal
Et enfin, voici quelques phrases toutes simples qui seront mieux accueillies que les fameux « C’est pas grave, tu en auras d’autres ! » :
– Oh ma pauvre… Tu dois être déçue ! Tu te sens comment?
– C’est vraiment injuste !
– Tu le vis comment?
– Je me sens gêné(e), parce que je ne sais pas quoi te dire. Tu veux me parler de cette fausse couche?
– Si tu as besoin d’une oreille pour t’écouter, je suis là. Je ne te jugerai pas.
– Oh ma pauvre… Tu dois être déçue ! Tu te sens comment?
– C’est vraiment injuste !
– Tu le vis comment?
– Je me sens gêné(e), parce que je ne sais pas quoi te dire. Tu veux me parler de cette fausse couche?
– Si tu as besoin d’une oreille pour t’écouter, je suis là. Je ne te jugerai pas.
Les BD de cet article sont issus de ce blog.
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