L'adaptation

Pour une assistante maternelle, la période d'adaptation est un moment, riche en émotions !
Cette période de transition correspond au moment où les parents confient de manière progressive leur enfant à l'assistante maternelle, jusqu'à ce que l'enfant, les parents, l'assistante maternelle et les autres enfants gardés, aient fait un peu connaissance.
Les enjeux sont importants :
Le jeune enfant va prendre ses marques, aussi bien au niveau du domicile (aménagement, luminosité, éventuels animaux, odeurs, bruits, couleurs), de l'assistante maternelle (voix, gestuelle, caractère) et de la routine (quand et comment se passent les repas? les changes? les activités? une nouvelle façon d'être porté, couché, câliné...).
Si les parents prennent le temps de montrer comment ils font avec leur enfant, les gestes habituels, chansons et activités, l'enfant sera un peu moins déboussolé.
L'important n'est pas de confronter l'enfant à une absence progressive de son parent, mais de multiplier les occasions de se sentir bien ensemble.
L'enfant pourra alors, en toute sécurité et en présence de son parent, s'habituer (et apprécier !) l'assistante maternelle... et la séparation pourra ainsi avoir lieue. Selon moi, la séparation ne peut donc avoir lieue uniquement lorsque l'enfant est familiarisé avec son nouvel environnement (sauf accueil d'urgence, évidement).
C’est un moment à ne pas négliger, car il influence beaucoup le reste de la garde.


Les bébés ne parlent pas, mais n'en pensent pas moins ! Ils doivent gérer la découverte d'un nouveau lieu, mais également gérer la séparation avec leurs parents.
Le moindre changement est source de stress.
Cette période d'adaptation leur permet de mieux appréhender cette nouvelle situation.
Cependant, une légère angoisse persistera très souvent, même après la période d'adaptation, au moment des départs du parent, et lorsque ce dernier vient le chercher.
En effet, les enfants ont beaucoup de mal à concevoir la séparation : "et si c'était définitif? si papa/maman ne venait jamais me chercher? s'il lui arrivait quelque chose?" etc. Ils peuvent vivre un sentiment d'abandon.
Des pleurs surviennent souvent lorsque les parents partent au travail... et lorsqu'ils reviennent le chercher, l'enfant peut les bouder, les fuir (ça n'est cependant pas toujours le cas !) : c'est un comportement normal.

Parfois, on croit que l'enfant vit très bien la séparation, que cela ne lui fait rien - ou presque. On a souvent d'ailleurs tendance à penser - à tord - que plus l'enfant est jeune, plus "c'est facile". Sachez qu'un enfant de moins 3 ans, même s'il a d’immenses capacités d'adaptation, vivra toujours "difficilement" la séparation. Ce n'est pas parce qu'il ne pleure pas que cela n'est pas difficile à vivre pour lui. Il faut être patient avec lui, et y aller avec beaucoup de douceur et d'humilité.
A partir de 3 ans, l'enfant accepte en général mieux la séparation... Et ce ne sera que vers 6 ou 7 ans qu'il l'abordera sans angoisse !
La période d'adaptation dure officiellement 1 à 2 semaines... mais en réalité, elle continue pendant plusieurs mois après, en particulier pour l'enfant. Il trouvera ses repères et sa routine en douceur, à son propre rythme.
Les premiers temps, il est possible que l'enfant soit fatigué, irritable, dorme mal la nuit : c'est normal. Même si on met des mots sur ses émotions, il a le droit de se sentir chamboulé par tous ces changements !

Les parents doivent beaucoup communiquer avant et pendant cette période d'adaptation avec leur enfant. Par exemple : "Papa et Maman doivent travailler, nous n'avons pas le choix. La journée, tu seras gardé par "Nounou", c'est son travail de prendre soin de toi la journée. Tu pourras beaucoup jouer là-bas, et faire de belles découvertes. Nous ne t'abandonnons pas, et nous viendrons te chercher tous les soirs.".
Les enfants sentent si Papa ou Maman est stressé(e) en ce moment. Par contre, ils ne peuvent pas savoir POURQUOI, et peuvent, parfois, imaginer que c'est de leur faute...
Les parents peuvent donc exprimer leurs émotions. Par exemple : "Je suis stressé, en ce moment, mais ce n'est pas de ta faute, tu sais ! C'est parce que je suis un peu impressionnée par le fait de reprendre le travail...".
Les parents peuvent parfois culpabiliser de laisser leur enfant chez Nounou. Ils peuvent avoir l'impression d'abandonner leur enfant. Ont-ils le choix? Souvent, non, ils doivent travailler. Parfois, c'est un choix : la maman ou le papa a besoin, envie, de travailler, de voir d'autres adultes, de sortir (pas facile de rester 24/24h avec un enfant qui ne communique pas aussi bien qu'un adulte, n'est-ce pas?).
Quelles que soient leurs raisons, les parents ont raison de s'écouter : ils seront ainsi plus disponibles, et profiteront mieux des moments avec leur enfant.

Ils ont parfois l'impression que leur enfant leur fait "payer" leur absence : pleurs et crise dans la soirée, alors que, d'après l'assistante maternelle, il a été angélique la journée.
Là aussi, c'est un comportement normal : l'enfant ne cherche plus à se faire accepter, il sait l'amour inconditionnel de ses parents. Il redevient alors lui-même, et peut lâcher les tensions accumulées dans la journée (frustration de ne pas réussir un jeu, tension vécue avec un copain...).

Pendant la période d'adaptation, Papa et Maman font également connaissance avec l'assistante maternelle. Cette quasi-inconnue, qu'ils n'ont rencontré que deux ou trois fois auparavant, agit différemment d'eux avec leur propre enfant. Ils peuvent même parfois aller jusqu'à ressentir de la jalousie, de la colère...
Pas facile d'accepter tout ça !
L'assistante maternelle sera là également pour continuer à les faire participer le plus possible à la vie quotidienne de leur enfant : elle leur racontera la journée de leur enfant, s'il a bien dormi, s'il a pleuré, ses activités... et pourra même leur envoyer quelques photos de la journée.


Les autres enfants accueillis peuvent parfois avoir des réactions extrêmes... ou bien accepter facilement ce tout nouveau venu ! Il leur faut du temps pour prendre de nouveaux repères : Nounou ne sera plus juste pour eux, il faut désormais la partager avec un autre enfant.
L'ambiance, là aussi, y joue beaucoup : le stress des uns et des autres peut très facilement se communiquer aux plus jeunes enfants.

Quant à l'assistante maternelle, elle devra jongler entre les angoisses du parent, de l'enfant, des autres enfants accueillis... ainsi que ses propres émotions : parfois, elle peut se sentir intimidée par ce nouveau petit-être qu'on lui confie, ou encore désemparée par ces pleurs qu'elle ne sait pas encore décoder... ou tout simplement, ressentir un petit (ou gros?) trac !
Elle devra s'adapter à un tout nouveau rythme de vie, ne pas être trop intrusive pour le nouvel enfant, faire preuve d'un grand tact, d'une grande finesse à travers ses gestes et sa voix... et rester très professionnelle avec les parents.
C'est à elle de prendre les rennes et de mener en douceur cette étape.
L'assistante maternelle choisira avec les parents les horaires où l'enfant est le plus disponible, lors des premières rencontres : découvrir un tout nouvel environnement lorsque la fatigue se ressent (juste avant la sieste par exemple) n'est pas forcément une bonne idée.
Personnellement, j'ai vécu des périodes d'adaptations avec plusieurs familles, et chacune étaient très différentes les unes des autres.

A chaque nouvelle période d'adaptation, j'en apprend d'avantage sur mes propres limites, mon métier, etc.
Des parents paniqués à la maman relax', en passant par le papa qui refuse d'admettre qu'il ne veut pas se séparer de son enfant etc. Tous les profils requièrent de ma part une grande flexibilité et une qualité... d'adaptation !
Au final, je pense que je préfère les parents qui me disent, avant même le premier jour d'adaptation, leurs émotions : ainsi, des mots sont mis sur des éventuelles tensions que je peux ressentir, et je peux mieux faire mon travail. Nous pouvons même, lors de notre toute première rencontre, les lister !
Je me rend compte que j'apprécie également les parents qui me laissent l'espace nécessaire pour apprendre à connaître leur enfant : par exemple, une de mes parents employeurs aimait s'asseoir sur le canapé et bouquiner, pendant que je faisais connaissance avec son enfant par le jeu ! Sa simple présence rassurait son enfant, et même si je sais qu'elle observait du coin de l’œil les jeux que nous faisions, le fait qu'elle soit discrète m'a beaucoup plu !

En bref, l'adaptation : -  se vit à 3 (l'enfant, son ou ses parents, le lieu d'accueil)
- permet à l'assistante maternelle de mieux connaître son nouveau protégé
- permet à l'enfant de tisser de nouveau(x) lien(s) avec son nouvel environnement
- permet au parent de se préparer à la séparation
- c'est communiquer et s'adapter

D'un point de vue pratique, la période d'adaptation s'étale le plus souvent sur deux semaines.
Les parents restent d'abord plusieurs moments avec leur enfant chez l'assistante maternelle.
Des petites activités, des soins (repas, change...) peuvent être proposés.
Petit à petit, les temps de présence s'allongent, et les parents sont de moins en moins présents au domicile de l'assistante maternelle.


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