Ras le bol...

Désolée d'avance : cet article est écrit sous le coup de l'émotion. Il est très incomplet (j'ai oublié mille et un détails irritants de cette histoire), brouillon... mais j'avais besoin de mettre des mots sur une situation que j'ai vécue ces derniers mois

A toi, maman de L.
Lorsque nous nous sommes eues au téléphone hier, nous avons vraiment eu du mal à communiquer.
Je ne pense pas que tu liras un jour cet article, car tu n'as pas connaissance de mon blog.
Mais j'ai besoin d'écrire, pour faire le point. Pour m'aider à me sentir mieux. Pour te dire à quel point ces derniers mois ont été difficiles.
Et peut-être que d'autres parents employeurs d'une assistante maternelle (ou collègues assistantes maternelles !), qui passeront par là, pourront remettre en question leurs manières de communiquer, et ne pas faire les erreurs que j'ai faites.
Maman, de L. tu m'as contactée en février sur facebook : un message privé pour un accueil de toute urgence à partir du lendemain pour ta fille de deux ans, pour les samedis.
J'accepte, car je souhaite travailler les samedis. Un peu hésitante toutefois, car les accueils en urgence, je n'aime pas trop ça. J'aime faire des adaptations, rencontrer d'abord les parents, discuter...

Ce samedi, tu arrives en taxi, tu me "jettes" L. dans les bras avec son sac à langer, me dis que tu es désolée mais que tu es très pressée, et tu repars, me laissant ton enfant dans les bras, sur le parking de ma résidence.
Ok... "Bonjour, L. ! Tu ne me connais pas encore, mais je suis ta nounou, viens, je vais te montrer ma maison...". J'essaye d'accueillir au mieux L. Je constate qu'elle n'est pas intimidée du tout (OUF !!!!), et qu'elle est même plus à l'aise que moi dans cette situation inédite :-D
Par la suite, les arrivées et départs de L. seront toujours faits dans l'urgence. Du mal à communiquer avec toi, maman débordée, qui part à chaque fois très rapidement.
Cela me fait de la peine pour toi, qui semblent en difficultés, et me frustre aussi, car j'aimerais que nous trouvions le temps de faire des transmissions, même très brèves.

Le mois se termine, tu rencontres des difficultés pour comprendre le système de Pajemploi (comment déclarer le salaire, etc) malgré mes nombreuses explications écrites pas à pas, et les documents que je te fournis. Tu finis par m'appeler un soir à 23H, pour que je fasse moi-même la déclaration Pajemploi. Même si ce n'est pas à moi de le faire (beaucoup de parents employeurs l'oublient : mais nous ne sommes QUE des salariées !!), je m’exécute, car comme je te l'ai précisé dés le départ, je déteste les retards de paiement.

Le mois de mars arrive : confinement.
J'ai beaucoup de mal à communiquer avec toi, qui ne réponds pas à mes appels et messages. Pas de déclaration de salaire. Pas de paiement de salaire.
Pareil pour avril.

Parfois, tu réponds à mes messages, et me sors toutes sortes d'excuses.
Un jour tu me dis que tu as des problèmes avec Pajemploi : tu as soit disant fait la déclaration, mais ça ne l'a pas enregistré. Tu ne comprends pas, tu les appelleras demain.
Sauf que le lendemain, c'est un dimanche.
Les semaines passent, et toujours rien.
Une autre fois, tu me dis qu'en fait non, tu n'as jamais fait la déclaration Pajemploi, que "là, tu dois t'y mettre". Et plusieurs jours plus tard, tu me ressors que si, en fait, tu avais déjà essayé, et qu'il faudrait vraiment que tu arrives à les recontacter par téléphone, car leur site bug.
Donc je me dis que tu te moques un peu de moi.
Je suis très embêtée, car j'ai vraiment besoin des déclarations de salaire pour des démarches administratives. Mais VRAIMENT.

Reprise du travail en mai : les arrivées et départs de L. sont toujours aussi catastrophiques : non pas que j'aime que les transmissions sont longues (au contraire), mais j'aime avoir le temps de raconter brièvement la journée que les enfants viennent de passer, et que, le matin, on me dise si la nuit s'est bien passée ou autre.
Et surtout : nous ne trouvons jamais le temps de discuter de ce méga retard de salaire.
Parfois, lorsque tu viens rechercher ta fille, tu rentres "de force" chez moi pour me parler, et tu t'assois à table alors que mes enfants et mon mari sont en train de dîner, sans me demander si je suis d'accord pour t'accueillir à mon domicile, et surtout alors que c'est interdit (puisque le Covid-19 est encore bien présent : les parents ne sont plus autorisés à rentrer au domicile des assistantes maternelles, sont sensés porter un masque, etc.). Tu parles à toute vitesse de ta vie fatigante de maman.... et tu repars au bout de 5 minutes, presque en courant, à ton domicile... sans que j'ai pu placer un mot, et aborder les retards de salaire !

Parallèlement à ça, je m'attache beaucoup à L., et à toi aussi mine de rien. Car malgré nos échanges plus que brefs, tu es toujours très souriante avec moi.
Ma fille (bientôt 3 ans), notamment, adooooore L. : c'est sa "meilleure copine". Beaucoup de rigolades entre elles !

Le mois de mai se termine. Comme j'insiste encore et que je deviens "menaçante", tu me fais mes déclarations de salaire de mars, avril et mai.
Mais tu ne me verses toujours pas mon salaire.

Tu me dis que tu vas me faire un virement. Une douzaine de jours plus tard, toujours pas de sous sur mon compte : tu me dis que tu vas contacter ton conseiller bancaire, parce que "quand même, c'est bizarre, je vous ai pourtant fait un virement !"
Pas de réponse du conseiller bancaire (LOL), malgré tes soit-disant relances.

(après un problème de Pajemploi, un problème de banque... ça fait beaucoup, hein?)

Au final, aujourd'hui (fin juin), j'ai posé ma démission, avec menace de saisir le conseil des Prud'hommes.
Tu m'as téléphonée, furieuse, en disant que je n'étais vraiment pas compréhensive, parce que tu te bats pour gérer ta fille, pour ne pas couler financièrement, etc.
Tu en es venue aux menaces, aux insultes.
Comme d'habitude, je n'ai pas pu en placer une.
Je n'ai pas pu te dire que SI, j'ai été compréhensive et patiente : 4 mois sans salaires, c'est une preuve de grande patience, non?
Je n'ai pas pu te dire que je ne me sens pas du tout respectée. Un salarié n'a pas à mendier son salaire tous les mois.
Je n'ai pas pu te dire que je ne me suis pas sentie respectée lorsque tu rentrais à mon domicile sans mon accord, bafouant l'intimité de ma famille. Ne respectant pas les mesures sanitaires concernant le Covid-19.
Je n'ai pas pu te dire que si, je te respecte, et je ne te juge pas : je vois à quel point tu te bats pour arriver à joindre les deux bouts. Je vois à quel point tu sembles courageuse. Mais il n'empêche que j'ai, moi aussi, besoin de faire bouillir la marmite. Pour moi, pour ma famille.
Je n'ai pas pu te dire à quel point je trouve ta fille fantastique, drôle, intelligente. A quel point ses jeux avec ma fille vont me manquer. A quel point, chaque semaines, je voyais des grandes avancées : dans son langage, dans sa motricité, etc.
Je n'ai pas pu te dire que, malgré toutes ces émotions mélangées (colère, affection...), je suis une assistante maternelle, et non une assistante sociale. Même si j'ai le réflexe de vouloir aider mon prochain, je me dois de protéger ma famille.
ce que j'aime faire avec tout l'argent que je gagne en tant qu'assistante maternelle :-D
Mais j'ai appris aussi, à tes cotés.
Je n'accepterai plus de contrat en urgence, sauf si un dialogue s'instaure dés le premier jour.
Je n'accepterai plus de retard de paiement et de déclaration de salaire, et démissionnerai dés le premier mois s'il y en a, afin de ne pas rester bloquée dans une situation inconfortable.
J'expliquerai mieux aux parents que je préfère qu'ils restent dans mon hall d'entrée, et ce même si leur enfant fait des allers-retours jusqu'à mon séjour.
Et... je comprend désormais qu'il faut que je fasse plus d'efforts concernant mon coté "Saint Bernard". Non, je ne peux effectivement pas prendre sur moi tous les malheurs du monde. Il faut d'abord que je m'occupe de moi, puis de ma petite famille. Que je nous "protège".

Et désormais, je suis beaucoup plus reconnaissante envers mes autres parents employeurs, pour certaines valeurs qui me sont importantes :
- ponctualité, tant au quotidien que pour les déclarations et paiement de salaires
- respect de mon domicile
- très attentifs quant au développement de leurs enfants
etc.
Je ne me rendais pas compte de ces petits détails qui, au final, rendent notre relation si extraordinaire !! Je me sens extrêmement chanceuse de les avoir dans ma vie :-)

A vous, assistantes maternelles, et à vous, parents employeurs : n'hésitez pas à faire le point. A communiquer ENSEMBLE. Sans critique, juste en exprimant ses besoins.
A essayer de voir le point de vue de l'autre. Peut-être que certains détails le dérangent?
Je sais que certains parents ont beaucoup de mal à connaître les "règles de bienséances" des assistantes maternelles (surtout que d'une personne à l'autre, cela peut changer !). Mais au final, c'est si important !
Peut-être que chez une autre assistante maternelle, par exemple, il n'aurait pas été dérangeant de rentrer et s’asseoir à table pendant que le reste de la famille prend son repas.

Du coup, je me dis qu'il faut désormais que je communique plus avec mes employeurs.
Je me rend compte que je fais plus de "Communication Non Violente" avec les enfants qu'avec les adultes. J'ai beaucoup de mal à poser des limites fermes en douceur. Du coup, je sais que j'ai une très grande part de responsabilité dans toute cette histoire.

Que vous soyez parent employeur ou assistante maternelle : avez-vous déjà rencontré un "gros" problème, lors de l'accueil d'un enfant?
N'hésitez pas à le raconter en commentaire, ou sur assmatetmaman@gmail.com

Mes coups de coeur du moment :

4 commentaires:

  1. Beaucoup d'émotions dans ce texte et beaucoup de souvenirs qui reviennent à la surface.
    J'ai appris que ce métier pouvait apporter autant de bonheur que de rancœur.J'ai appris mais trop tard qu'il y avait de mauvais parents employeurs. J'ai appris mais trop tard et je m'en veux de m'être aussi laissée bafouer dans mon intimité par des sans gênes. Cela fait 1 an que je ne travaille plus, car j'ai peur de retomber dans les vicissitudes de ce métier. Je l'aimais aussi mais c'est fini et bien fini.

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    1. Oh mince, comme je suis désolée de l'apprendre.
      De ce que me racontent les collègues du métier, ce sont effectivement souvent les parents employeurs qui "usent" les assmats... et non (comme beaucoup le pensent) les enfants !!
      J'ai déjà vécu une horrible situation il y a 3 ans (rien à voir avec ce que j'ai décris dans cet article : il s'agissait de harcèlement moral), je n'ai pas encore réussi à écrire un article dessus mais j'y arriverai sans doute un jour... Par contre, j'ai mis des mois et des mois (voire des années?!) à m'en remettre...
      J'ai cru que je ne pourrai pas faire ce métier, mais au final, j'aime trop ça.
      Par contre, c'est sûr que si je rencontre encore beaucoup de problèmes de ce genre, j'arrêterai d'être assmat :'-(

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  2. C'est un métier compliqué car nous sommes toujours sur la frontière entre vie privée et vie professionnelle, entre professionnalisme et affectif... c'est difficile de vouloir aider, être compréhensif et en même temps avoir du recule et se protéger. C'est difficile aussi de travailler sur son lieu de vie, dans son cocon personnel et donc d'arriver à être accueillant tout en se gardant une vie privée. Et puis, nos relations évoluent avec le temps, et nous n'avons pas forcement anticiper tous les points à évoquer lors de l'entretien.
    De plus, dans ce genre de situation, on est seul. On se remet en question. Mais si on a pas la force de caractère, on peut aussi très facilement se faire manipuler.
    Malheureusement, il m'est arrivée aussi de devoir me séparer d'un enfant dont j'étais très liée à cause du comportement des parents et cela m'a beaucoup affectée. Il y a des fois, où les parents m'ont tellement usés, que j'ai pensé arrêter.
    Parler et se comprendre n'est pas évident, mais de chaque histoire, on retient ce qu'il ne faudra plus faire.
    Je pense que quand on fait se métier pour l'affection, le confort et le bien-être que l'on veut donner aux enfants, on donne une petite part de nous, et chaque fin est difficile. Difficile de ne pas être touchée quand on a tant donné.
    Je vous souhaite beaucoup de courage et d'indulgence avec vous. ��

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  3. Article tellement poignant et qui fait resurgir tellement de mauvais souvenirs qui sont bien encrés malgré que les bons souvenirs soient les plus nombreux. Moi aussi j'ai dû démissionner ( pour ma part au bout de trois mois ) d'une famille qui refusait de me mensualisé et qui avait de décider de me payer au réel ( que quand les GP ne pouvaient pas prendre le relais ) mais il fallait quand même que je réserve la place du Lundi au Vendredi sur de grandes amplitudes horaires parce que tu comprends au cas où ... tout ça pour environs 150 euros / mois. Je trouve ça fou que certains employeurs ne se demandent pas comment l'AM va faire pour payer ses factures ... J'ai fini par démissionner et devine, b'hein oui c'était moi la grosse méchante ! Ils sont même allé au RAM pour dire qu'il fallait m'enlever mon agrément au final ce sont eux qui se sont fait remonter les bretelles à cause de la fameuse mensualisation mdr. Je crois qu'on pourrait écrire un livre avec tout ce qui nous arrive, mais à part ça pour la plupart des gens on choisi de faire ce métier par facilité ...

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