Egalité fille-garçon dés le plus jeune âge

Récemment, j'ai assisté à une conférence animée par Jean Epstein et l'association Artemisia, sur les enjeux d'une éducation "égalitaire fille-garçon" chez les tout-petits.
Cette conférence m'a grandement ouvert les yeux sur ma pratique professionnelle, mais également sur l'éducation que je porte à mon fils !
jouet-fille-garcon-sexisme-feminisme
Tout ce qui a été abordé n'a pas fini de me faire réfléchir !
Avant cette conférence, je ne
me posais pas tant de questions que ça sur le sujet : Ptiloup avait des voitures, des poupons, une dînette, un établi de bricolage, etc. Cela me semblait suffisant pour me sentir "maman non-sexiste", voire même féministe !
Je me sentais presque fière de proposer à mon fils des jouets dits de "fille", alors que mes amies n'en proposent guère à leurs fils, et alors que mon mari a été sceptique lorsque j'ai offert à mon fils sa première poupée.
D'ailleurs, je l'avoue : j'ai été moi-même un peu gênée la première fois qu'il a joué avec (il avait moins d'un an à l'époque). Je me rappelle que je m'étais demandée s'il n'avait pas mieux fallu lui offrir des cubes !
Même si je suis convaincue que c'est déjà pas mal, offrir des jouets mixtes est-il suffisant pour éduquer un enfant avec le moins de stéréotype possible?
... En fait, comment faire pour que son propre enfant ne devienne pas, plus tard, sexiste? Pour l'éduquer à une vision égalitaire homme-femme?

prejuges-jouets-rose-bleu 
J'ai donc appris que le sexisme, de nos jours, est malheureusement encore TRES présent en France (et dans bien d'autres pays du monde). Même si de grands progrès ont été fait, le combat n'est largement pas fini.
Par exemple, les femmes sont plus au chômage que les hommes.
Elles ont d'avantage d'emplois atypiques et/ou peu qualifiés, sont payés 27% de moins que les hommes.
80% des tâches domestiques et éducatives sont encore exercées par les femmes, ce qui rend l’articulation vie familiale et vie professionnelle plus difficile.
Affligeant, non?
Nos visions sont biaisées par la société. Des petits exemples :
- un papa qui vient chercher son enfant à la crèche est un père exemplaire ! par contre, c'est normal pour une maman de le faire.
- une femme sera très souvent jugée : qu'elle reprenne le travail tôt, ou, au contraire, qu'elle soit mère au foyer. On prend beaucoup moins la tête aux hommes avec ça, par contre !

Le livre "Egale à Egal" (environ 5€ ici) parle, notamment, du fait que c'est notre éducation, notre environnement et nos préjugés qui modifient les cerveaux hommes-femmes : à la naissance, il n'y a pas de différence de sexe dans les cerveaux !
Un exemple qui montre que les différences de comportement entre les sexes émergent progressivement, sous l'influence du milieu social de l'enfant : un bébé n'a pas de préférence de jouets, par contre, un enfant de 3 ou 4 ans en a clairement (des poupées pour les filles, des voitures pour les garçons...).
Les stéréotypes commencent en général dés le plus jeune âge : les catégories "fille-garçon" sont identifiées très tôt par l'enfant, avant ses deux ans. L'identité de genre n'est pas innée, elle se construit petit à petit.
Parents, grands parents, nounous... Nous n'avons pas les mêmes réactions et attitudes éducatives avec les garçons et avec les filles, et ce dés qu'ils sont bébés !

Tout ceci est, bien sûr, inconscient... mais peut facilement être repéré et corrigé !jouet_fille_garçon_bd.jpg
Par exemple, l'association Artemisia, qui propose des formations aux professionnels de la petite enfance, a repéré que ces derniers répondent moins souvent aux pleurs des filles qu'aux pleurs des garçons (ben oui, quoi ! les petites filles pleurent tout le temps, alors que, quand c'est un garçon, c'est que ça doit être grave !).
On a facilement tendance à encourager les garçon à persévérer, et les filles à être dociles.
D'une manière générale, les adultes sourient plus aux filles, leurs parlent d'une voix plus douce. Au contraire, on a un comportement plus "dynamique" et joueur avec les garçons. 

Faire le ménage : a-t-on forcément besoin d'accessoires girly??! 
Faire le ménage : a-t-on forcément besoin d'accessoires girly??!

Au niveau des compliments, on a plus facilement tendance à dire "tu es mignonne / jolie / belle" à un bébé de sexe féminin, alors que l'on qualifie plus souvent les garçons de "grand / tonique / éveillé".
Les livres que nous proposons aux enfants sont souvent bourrés de stéréotypes (pour la fan de livres que je suis, cela a été un choc !) : par exemple, les hommes ont souvent une vie professionnelle ET personnelle (ex : papa rentre du travail), alors que pour les femmes, c'est ou l'un, ou l'autre. Souvent, les personnages féminins sont illustrés de manière identique aux personnages masculins, avec juste quelques détails en plus : nœud sur la tête, collier, etc. Comme si les femmes n'étaient qu'une "sous-catégorie" de la norme, à savoir... les hommes !
Au sujet des lectures, d'ailleurs, je vous conseil ce blog, qui analyse les livres sexistes de nos enfants !
Enfin, même si on a tous les jouets du monde à disposition, on aura plus facilement tendance à proposer / encourager les garçons à jouer avec un ballon, par exemple, et les filles avec une poupée.
Pour les sceptiques, Jean Epstein a précisé que jouer à la poupée pour un garçon, ou jouer à la voiture pour une fille, n'a absolument aucune incidence sur l'orientation sexuelle de l'enfant.


Pour les filles, lorsqu'elles jouent à la voiture, il s'agit principalement d'affiner leur motricité.
Pour les garçons, lorsqu'ils jouent à la dînette, il s'agit d'imiter leurs parents en train de cuisiner, ou d'imiter leur papa qui pouponne, lorsqu'ils jouent à la poupée.
Je précise bien qu'il s'agit là de POUPEE, et non de peluche : avec une poupée, l'enfant développe sa connaissance du corps humain, il compare ce qu'il sent de son corps avec ce qu'il voit et touche de la poupée, etc. Il peut également mettre en scène ce qu'il vit et ressent dans son quotidien (docteur, relations affectives, pot, habillage, alimentation, disputes...), et ainsi décharger ses émotions, son agressivité, de manière médiatisée.
Je préfère d'ailleurs les poupées réalistes et facilement manipulables (yeux qui se ferment, petit sourire, articulations souples, taille adaptée à l'enfant) mais qui reste simple : évitez les poupées/poupons qui parlent, car les phrases répétitives n'aident pas à développer le langage !
Ceci n'est pas un jeu de "dînette", mais un jeu de "restaurant" = en changeant le terme, succès garanti auprès de tout le monde !! 
Ceci n'est pas un jeu de "dînette", mais un jeu de "restaurant" = 
en changeant le terme, succès garanti auprès de tout le monde !

Bref, j'ai appris qu'en tant que maman, qui plus est d'assistante maternelle, j'ai la responsabilité d'éduquer les enfants sans stéréotype !
L'important n'est pas, bien sûr, que les garçons jouent parfois à la poupée, et les filles aux voitures... Mais plus de les éduquer sans préjugés, leur laisser le choix d'être ce qu'ils souhaitent : une petite fille dynamique et téméraire, un petit garçon délicat et calme...
Sans même parler des jouets roses ou bleus, ou même de la taxe rose, je peux changer des petits détails dans ma pratique, dans mon comportement...
Reste encore à repérer toutes mes petites erreurs du quotidien, afin de les corriger !
Au final, que peut-on souhaiter à nos enfants? Personnellement, j'ai envie que, plus tard, mon fils devienne un homme équilibré, non un macho. Qu'il sache manier un marteau, taper dans un ballon, faire la cuisine, exprimer ses sentiments...
Que pensez-vous de tout ça?
Est-ce que vous avez d'autres pistes de réflexion à me proposer?
fleurus garçons : filles

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